L’interdiction des Puffs adoptée par le gouvernement
Le lundi 4 décembre 2023, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité en faveur de l’interdiction des cigarettes électroniques jetables, communément appelées « puffs ». Cette décision doit maintenant être validée par le Sénat, puis recevoir l’approbation de l’Europe.
Il semblerait que l’année 2024 soit synonyme de disparition des puffs. Les députés de l’Assemblée nationale ont exprimé leur soutien à cette mesure en votant à l’unanimité (104 voix) pour l’interdiction des puffs d’ici septembre 2024.
Depuis leur introduction sur le marché il y a trois ans, ces dispositifs de vapotage prêts à l’emploi ont été fortement critiqués, étant accusés de nuire à l’environnement en raison de leur caractère jetable, tout en constituant une porte d’entrée dangereuse au tabagisme pour les jeunes.
Le gouvernement considère ces produits comme dangereux, au marketing douteux, ciblant délibérément les jeunes. Cette opinion est partagée par la Première ministre française Elisabeth Borne, bien que l’on sache qu’elle est elle-même une utilisatrice de la vapoteuse. Cette question a suscité de vifs débats lors de la séance parlementaire du lundi 4 décembre.
Cependant, malgré les discours passionnés, il apparaît qu’il existe un écart considérable entre les opinions exprimées et les faits concrets.
Puffs : Quand est-il réellement ?
Les puffs suscitent des débats concernant leur impact sur l’environnement et la santé publique. Considérées comme volontairement accessibles, incitatives, addictives et même nocives pour les jeunes, ces cigarettes électroniques jetables sont au cœur des préoccupations des députés à l’origine de la loi. Cependant, la définition exacte des puffs demeure floue.
Bien que leur caractère jetable les rende indéniablement désastreuses sur le plan environnemental, les puffs restent avant tout des cigarettes électroniques. Elles partagent les mêmes caractéristiques qu’une cigarette électronique ordinaire : fonctionnement par vaporisation plutôt que combustion, accompagnée d’un e-liquide aromatisé, voire nicotiné, respectant les normes en vigueur. Par conséquent, elles demeurent un produit 95 % moins risqué que la cigarette de tabac, tout comme la cigarette électronique.
La présence de nicotine ne change pas la donne, malgré l’opinion de la députée écologiste Francesca Pasquini. Comme tout substitut nicotinique reconnu, la nicotine est essentielle pour le sevrage des adultes fumeurs, mais fortement déconseillée aux non-fumeurs et interdite aux mineurs. De plus, les puffs sont soumises à la même réglementation que le tabac, l’alcool et les cigarettes électroniques en général, interdisant leur vente aux moins de 18 ans.
Malgré cela, ces cigarettes électroniques jetables se sont retrouvées en vente libre dans des endroits tels que des magasins de décoration, des kiosques à journaux ou des grandes surfaces, comme l’a souligné la députée EELV. La question se pose alors sur le fait de ne pas avoir restreint immédiatement leur commercialisation aux seuls bureaux de tabac et boutiques spécialisées.
En ce qui concerne leur prétendu effet passerelle vers le tabagisme, des études, y compris en France, ont confirmé que vapoter ne conduit pas à fumer. Au contraire, les données suggèrent que vapoter augmente les chances de ne pas fumer. De plus, l’interdiction du vapotage dans certains pays a entraîné une augmentation du tabagisme, comme observé en Nouvelle-Zélande et plus récemment aux États-Unis.
L’interdiction est-elle une mesure contre-productive dans la lutte contre le tabagisme ?
En ce qui concerne la lutte contre le tabac, la France n’a pas encore atteint des résultats remarquables, avec toujours 31,8 % de fumeurs, dont 24,5 % fumeurs quotidiens. Malgré cela, le ministre de la Santé a affirmé que l’augmentation des taxes et les interdictions sont les seuls modèles efficaces lors de l’annonce du prochain plan antitabac 2023-2027.
Cependant, il est difficile de ne pas remettre en question cette affirmation, surtout lorsqu’on constate l’émergence d’un marché noir sans précédent ces dernières années, exacerbé par les taxes. De plus, les mauvais résultats des pays privilégiant la répression par rapport à la réduction des risques sont également à prendre en considération.
L’interdiction des puffs au nom de la protection de la jeunesse pourrait avoir des effets pervers, surtout si cette mesure repose principalement sur des raisonnements émotifs et des rumeurs non fondées.
Contrairement à ce que prétend l’association Action Contre le Tabac (ACT), citée par Michel Lauzzana à l’Assemblée le 4 décembre, les jeunes Français n’ont pas massivement adopté la cigarette après avoir essayé la cigarette électronique. Les dernières données de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) confirment même une baisse de la consommation de substances, y compris de cigarettes.
Des experts tels que le Pr Bertrand Dautzenberg soulignent qu’une réglementation excessive des cigarettes électroniques chez les jeunes, basée sur une mauvaise interprétation des résultats d’études, pourrait nuire à la fois à la santé publique et à la lutte antitabac.
Si les ministres français veulent réellement progresser dans la lutte contre le tabagisme, pourquoi ne s’inspirent-ils pas des réussites du Royaume-Uni, qui a obtenu de très bons résultats en promouvant la vape, ou de la Suède, qui a déjà atteint, avec 17 ans d’avance, l’objectif de 5 % de fumeurs ou moins fixé par l’Union européenne ? Un documentaire intitulé « Tais-toi et fume ! », atteste de cette réussite.